demande de carte de combattant volontaire

Français de Drôme et d'Ardèche

Chapitre 1: Résistance

Je suis le premier à demander que le passé ne soit pas oublié, qu’on doit le rappeler sans cesse pour en tirer des enseignements.

Je pense aussi que pour frapper l’imagination des gens qui, des décennies après les événements évoqués, baignent dans un autre monde, avec d’autres problèmes, il faut parfois appuyer sur certains faits.

Mais, il ne faut pas exagérer, à tort et à travers. Surtout pas à tort.

J’ai été attristé par ce qu’a écrit et dit devant les caméras de la télévision Bernard-Henri Lévy. On continue à ne parler que de ce qu’on appelle la partie visible de l’iceberg.

Quand Bernard-Henri Lévy met en cause la position du Parti Communiste Français à une certaine époque, quand on ergote sur l’attitude des diverses couches de la population française au même moment, on n’est pas, on ne peut pas être objectif.


Titulaire, pour tout diplôme, du Certificat d’Etudes Primaires, je n’ai pas la prétention de polémiquer avec un éminent philosophe. Je sais que mes mémoires n’intéressent personne. Mais pour réfuter des affirmations que j’estime fausses et injustes, je n’ai que mes souvenirs.

Après la guerre 39-45, j’ai fait une demande de Carte de Combattant de la Résistance. Elle m’a été refusée. Raison invoquée : « N’a pas de certificat prouvant son appartenance à une unité combattante homologuée ».

J’ai fait partie du bataillon «L’Indomptable», unité M.O.I.(1) du Tarn-et-Garonne qui fut dissoute avant la libération complète du territoire métropolitain.

Si j’avais fait la chasse aux certificats, ou encore si j’avais été cuistot dans une unité homologuée, j’aurais eu ma carte et, peut-être même, une décoration !

Mais ce n’est pas à moi que je pense en parlant des anciens combattants de la Résistance qui ne sont pas homologués.

Je pense à cette multitude de françaises et de français qui n’ont combattu ni dans le maquis, ni dans les unités homologuées, mais qui ont risqué leur vie, une, deux, dix, cent fois, simplement, calmement, en continuant leur train-train de tous les jours.

C’était si normal, si naturel pour ces gens-là qu’ils n’en parleront jamais.

Bien sûr, comme aujourd’hui, il y avait les bons et les autres, les imbéciles et les méchants. Ai-je eu de la chance ? J’ai surtout connu de bons français. Il y en avait partout. Moi, je les ai rencontrés dans la Drôme et en Ardèche. Est-il vrai que plus les gens sont pauvres, plus ils sont bons ?

Je déteste le chauvinisme régional, l’esprit de clocher qui ne vise qu’à diviser un pays, un peuple, mais j’aime passionnément la Drôme, l’Ardèche, à cause de la bonté, de l’intelligence des hommes et des femmes que j’y ai rencontrés, à une époque où la lâcheté, la bêtise, la méchanceté étaient faciles et payantes.

(1) main d’œuvre immigrée

Hermann Draer, Français de Drôme et d'Ardèche